Il était l’artisan de la création de la Fondation.

Le Professeur Josy Reiffers nous a quittés durant la nuit du 20 au 21 septembre. Cette nouvelle est celle d’un grand choc et d’une immense tristesse. Son ami et Président de la Fondation, le Professeur Bernard Bégaud, lui rend hommage.

 » Josy Reiffers était un homme d’exception comme on en rencontre peu. Nul n’est besoin de rappeler les succès de sa vie professionnelle et publique pour mesurer le rôle immense qu’il a joué en des domaines très divers. Lui que tout destinait à une grande école, avait choisi la médecine dont il a survolé les études avec une incroyable facilité.

Nommé très jeune professeur en hémato-cancérologie à Bordeaux, il a été l’un des promoteurs de la greffe de moelle qui a révolutionné le pronostic des leucémies. Contrairement à d’autres, aspirés par les responsabilités et une carrière publique au plus haut niveau, son appétence pour la recherche médicale dans le domaine du cancer ne s’est jamais démentie.

Après avoir été doyen de faculté de médecine puis président de l’université Victor Segalen, rôle où son énergie et sa clairvoyance ont fait bouger les choses en profondeur, il a créé et dirigé une unité de recherche (VINCO) labellisée par l’INSERM qui est aujourd’hui l’un des fleurons français dans le domaine.

Son engagement public a aussi été exemplaire. D’abord parce qu’il a toujours été en cohérence avec ses compétences et ses convictions de médecin enseignant et chercheur. Directeur adjoint au cabinet de Luc Ferry, il a orienté la politique du ministère pour soutenir l’excellence et des initiatives qui ont fortement contribué à la modernisation des universités.

Au plan local, il avait rejoint avec enthousiasme l’équipe de Alain Juppé avec lequel il entretenait des rapports particulièrement chaleureux. A ce poste également, son action, faite d’écoute, de clairvoyance et de détermination a été unanimement saluée. Josy Reiffers plaçait une énergie incroyable dans les projets qui lui tenait à cœur et savait entraîner les autres pour les faire aboutir.

Ses mandats à la direction de l’Institut Bergonié furent à son image. Là encore, son action a été exemplaire. Il mettait son énergie et son vaste réseau de relations et d’amitiés au service d’une autre grande cause. Il ne lâchait jamais un projet avant de l’avoir fait aboutir à moins qu’il ne reconnaisse s’être trompé, car paradoxalement, il savait écouter, s’entourer et aimait la discussion.

Beaucoup se souviendront que cet homme aux multiples facettes, médicale, universitaire, politique était d’abord un ami chaleureux, fidèle, aimant partager à plusieurs les plaisirs de la vie. Il était resté, malgré ses multiples charges, fidèle à ses enthousiasmes de jeunesse: le sport qu’il aimait profondément et pratiquait, les paysages du Bassin d’Arcachon qu’il visitait en toute saisons, souvent seul, avec son bateau, les corridas. C’était aussi un amoureux des arts, de l’Italie. Dans des milieux extrêmement différents, il était « chez lui », y compris dans celui du vin qu’il a côtoyé très tôt via les propriétés familiales en Saint-Emilion.

Depuis plusieurs années, la Fondation Bergonié était l’un des projets qui lui tenait le plus à cœur. Il y a mis, jusqu’au bout, toute son énergie. La réussite de la Fondation, assez unique en ces moments difficiles, est à son image: la conjonction des enthousiasmes pour une grande cause. Il avait fait l’analyse lucide, que les moyens mis à disposition par la générosité de donateurs pouvait réellement changer les choses en matière de prévention et de prise en charge du cancer, du moins en rendant possible ce qui serait très compliqué ou beaucoup trop long à obtenir par des financements publics.

Dans sa vie comme dans sa lutte en faveur de la recherche sur le cancer, il y avait toujours urgence mais sans précipitation. Ce n’est un secret pour personne que la Fondation n’a pu se créer que grâce à lui, à son talent d’avocat du changement et de la marche vers l’avant, grâce aussi à son vaste réseau d’amis fidèles qui ont su répondre présents et créer une dynamique qui est l’un des meilleurs témoignages de ce que Josy Reiffers a été durant toute sa vie. »